Montauban. “Il y a quelqu’un qui est mort pour rien

Laurent Mascaras un des deux avocats d'El Hassan N'Gairi . /Photo DDM,  C.LPremier jour d’audience pour le procès du meurtre de Falguières. Un coup de couteau mortel pour un jeune de 29 ans qui ne peut aussi masquer toutes les passions que fit naître et exploser une jeune femme. La sœur de la victime partagée entre deux hommes.

Plus complexe que la tragique banalité des faits ne voudrait le laisser dire. Cette affaire de meurtre qui se produisit une nuit pluvieuse de janvier 2009 près du chantier de construction du collège Issanchou a meurtri à tout jamais la famille de Saïd Achicha 29 ans demeurant justement dans le quartier d’Issanchou. Celui qui est inculpé pour avoir porté le coup de couteau mortel (un Laguiole de 23 centimètres dont la lame se cassa quand le meurtrier la retira du corps de Saïd) El Hassan N Gairi expliquant d’ailleurs en fin de matinée : « Il y a quelqu’un qui est mort pour rien ». C’est difficile à admettre, car le chagrin de la famille endeuillée est inextinguible mais il n’y a pas d’autre formule pour qualifier cette mort. Qui fait suite à une altercation entre les deux rivaux d’une même femme mariée avec l’un, qui fit croire à l’autre qu’elle connaissait depuis plus longtemps qu’il était le père de son premier enfant. Tout cela jusqu’à ce soir est évoqué devant la cour d’assises de Tarn-et-Garonne avec deux prévenus.

«Mariage forcé» et liaison charnelle

L’auteur du coup mortel en détention provisoire depuis deux ans et 13 jours, le second pris dans la rixe de janvier 2009 lui se retrouve en cour d’assises pour des raisons connexes car les violences volontaires en réunion sans incapacité dont il est accusé relèvent seulement du TGI. Mais le plus délicat est à venir pour les 11 jurés (9 titulaires et 2 suppléants) qui hier ont entendu plus d’une douzaine de témoins, les deux enquêteurs de personnalité de l’AVIR 82, les policiers municipaux sur place et un expert. Les deux prévenus sont jugés sérieux, travailleurs, sans-aspérité. C’est surtout le cas d’El Hassan N’ Gairi marocain, natif de Taza un ville de 140 000 habitants entre Rif et Atlas et où l’on a les influences des Berbères et des Idrissides. Garçon établi avec toute sa famille à Villemade. Qui a vécu passionnément une liaison charnelle avec cette jeune femme qui lui a fait croire que sa famille voulait lui imposer un mariage forcé avec un cousin de sa mère. Mais l’ombre de la tragédie ne peut s’estomper. Même si les deux familles assises des deux côtés dans la salle d’audience font preuve de dignité et savent faire silence quand parfois des phrases dures sont proférées contre l’un des trois acteurs majeurs de cette tragédie, dont le ressort en d’autres lieux a nourri d’innombrables chefs-d’œuvre de la littérature.

La femme absente

Mais le talon d’Achille de cette première journée du procès c’est la femme, qui est partie civile et est revenu avec son mari depuis un peu plus de deux ans. Car elle a fait croire à El Hassan qu’il allait être père. Me Christian Etelin qui défend les intérêts de la famille Tachicha ayant cette fulgurance « Vous êtes le père d’un enfant dont vous n’êtes pas le père ». Un démenti terrible corroboré par les résultats des tests de paternité effectués en juin 2010… alors que celui qui s’imaginait toujours être géniteur d’Ilyes était derrière les barreaux depuis plus d’un an. En milieu d’après-midi on a reconstitué les faits tragiques qui débutèrent à 22 h 06 par une empoignade rue Mary-Lafon, montèrent en intensité à l’entrée d’un immeuble d’Issanchou pour s’achever tragiquement sur le macadam de la route de Falguières à 22 h 20.Ce matin on entendra les enquêteurs du commissariat, un expert quelques témoins avant les plaidoiries des parties civiles. Puis viendra le réquisitoire de l’avocat général Bernard Lambert. Et les plaidoiries de la défense. Celle de Me Françoise Meillorat-Birkholz pour Mohamed Habri et puis Mes Simon Cohen et Laurent Mascaras pour El Hassan N’ Gairi. Le verdict devrait intervenir tard dans la soirée. Le prévenu risquant pour les faits d’homicide volontaire 30 ans de réclusion au maximum et un an au minimum.


Un jury très masculin

Le tirage au sort du jury a donné au final une composition faite de 9 hommes et 2 femmes qui ont prêté serment hier matin vers 9 h 30.C’est l’avocat général. Lambert qui a demandé que deux jurés supplémentaires soient tirés au sort. Les deux femmes sont des titulaires comme les sept premiers hommes. La défense par la voix de Me Françoise Meillorat-Birkholz a récusé trois jurés. Trois femmes d’ailleurs. Les débats sont menés par le président Jacques Ricchiardi.