Prison ferme pour la famille de ravisseurs castelsarrasinois

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Extraits de leurs cellules de Montauban et Seysses, Hakim, Farid et Toufek Jaouad rejoints à la barre par leur frère Rafik qui comparaissait libre, ont, hier, tous écopé de peines d’emprisonnement ferme au terme d’une longue audience du tribunal correctionnel de Montauban presque exclusivement consacrée à ce lourd dossier réunissant tous les éléments d’un bon polar : à savoir des faits d’enlèvement, séquestration et de violences aggravées commis fin octobre 2013 à Castelsarrasin, le tout sur fond de trafic de stupéfiants (nos éditions des 27, 28 février, 19 juin, 19 septembre et 16 décembre).

Les accusés nient les faits en bloc

Avant d’égrener les faits en n’omettant pas de détailler les auditions des deux victimes kidnappées et molestés une nuit durant dans la ferme familiale, le président du tribunal Alain Birgy qui ne s’attendait pas à de revirement spectaculaire des mis en cause de ce clan familial très soudé, ne manquait pas de lâcher quelques «vérités» devant l’absence des parties civiles et de l’un des témoins Dyllan R. poursuivi comme Aurélie F. pour non-assistance à personne en danger. «C’est tout le fond de cette affaire : des témoins intimidés pour ne pas venir, des victimes effrayées qui en font de même, des stupéfiants et surtout des mis en cause qui ne disent rien. Le moins que l’on puisse dire c’est que nous sommes au bal des menteurs» tonnait A. Birgy non sans une pointe d’ironie en demandant aux quatre mis en cause s’ils souhaitaient revenir sur leurs déclarations.

Massif, les épaules carrées et le regard froid, Hakim Jaouad, 28 ans, ne bougeait pas d’un cil dans ses dires. «Je ne comprends pas ce que je fais ici, je n’ai rien fait.» Un credo reprit en chœur par son neveu Farid, 21 ans, son jeune frère Toufek, 23 ans, et son aîné Rafik, 30 ans. Interrogé sur sa première audition, en avril dernier, où il confirmait avoir vu l’une des victimes attachées à une chaise le visage bleu tuméfié de coups, Rafik Jaouad qui s’est depuis rétracté lors de la confrontation avec ses frères, accusait désormais les policiers d’avoir orienté ses réponses. Une déclaration qui faisait une fois encore esquissait un sourire au président Birgy et agaçait l’avocate des parties civiles. «C’est faux, Rafik Jaouad n’a pas fait ses déclarations aux policiers mais à la juge d’instruction.» Et Me Valérie Durand d’insister sur le caractère singulier de cette affaire : «il est rare que l’on voit devant ce tribunal une telle intensité de violence avec des actes qui nous font passer à un cheveu des assises. Si aujourd’hui mes clients ne sont pas là, c’est qu’ils sont encore traumatisés et effrayés de croiser le regard de leurs bourreaux.»

Sous le coup des réquisitions du ministère public, V. Benlafquih qui réclamait de 18 mois ferme pour Rafik à 7 ans pour Hakim Jaouad, les avocats de la défense Mes Jean-Louis Pujol, Nathalie Berthier et Laurent Mascaras tentèrent tant bien que mal durant 1 h 30 de plaidoiries de minimiser les faits et leur importance. Plus pertinents, Me Sophie Gervais et Serge Capel qui défendaient Dyllan R. et Aurélie F., pour non-assistance aux deux séquestrés, parvenaient à tordre les qualifications. «Mon client ne pouvait rien faire pour empêcher les faits qui s’étaient déjà produits, il est effrayé, c’est la raison pour laquelle il s’est rétracté. Il connaît cette famille, il a vu de quoi ils sont capables.» Une plaidoirie qui faisait mouche, le tribunal relaxant les deux témoins tout en n’épargnant pas les trois frères et leur neveu condamnés à 5 ans pour Hakim, 4 ans pour Toufek, 2 ans pour Farid et un 1 an pour Rafik, le seul à ressortir libre de l’audience. Au titre des parties civiles, une double amende de 5 000 € a été également octroyée.